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L'exceptionnel blog de GIB
30 septembre 2013

VALD : Cours de rattrapage - la critique.

 

 

 

CRITIQUE - VALD

"COURS DE RATTRAPAGE"

 

 

coursvald

 

 

Depuis la mort de Rap2K (ouais, je suis à l'ancienne) et de Groove Magazine (méga à l'ancienne), plus personne ne se soucie d'écrire des critiques d'albums de rap, ce qui est fort dommageable. J'ai donc décidé de lancer des critiques d'albums, de mixtapes, de maxi et autres street albums ! Ici, pas de place à l'argent, chaque critique sera indépendante. Pour inaugurer cette nouvelle rubrique, je vous demande d'accueillir (virtuellement) Vald ! Jeune rappeur d'Aulnay-Sous-Bois, Vald arrive bientôt avec son premier EP : NQNT. C'était donc l'occasion de revenir sur son dernier effort en date, la mixtape "Cours de rattrapage" qui est déjà disponible depuis un paquet de mois quand même !

En premier lieu, ce qui choque lorsqu'on écoute les sons de Vald, que ce soit cette mixtape ou la précédente "NQNTMQMQMB", c'est la liberté de ton que développe l'artiste et surtout son originalité. Loin du rap ghetto habituel (dont il n'est pas issu) ou de la musique consensuelle et formatée, Vald, pour simplifier, a un côté "White Trash" et va très loin dans les rimes hardcores et dans les phrases choc. Il faut dire que le MC est bien aidé par sa culture cinématographique horrifique et la façon dont-il l'a assimilé. Dans "NQNTMQMQMB", il citait déja "Saw", "Hellraiser", "Hostel", et dans "Cours de rattrapage", il démarre, après une courte intro, par le son "Donkey Punch", nom d'une pratique sexuelle qui a engendré un film (dont un extrait est diffusé à la fin de la piste) qui a engendré ce morceau ! Un titre hardcore mais drôle à l'image de beaucoup de sons de "NQNTMQMQMB" (c'est un peu relou à écrire à force !!). Dans "Cylindrique" en featuring avec Bazoo, il cite un autre film culte d'Eli Roth avec une punchline bien dégueulasse : "Je lui mets des oid pendant ses règles, fan de Cabin Fever" en référence à une scène clé du film.

 

 

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Si l'horreur à une place importante dans la mixtape, un autre style cinématographique a aussi la part belle dans la musique de Vald : la pornographie. Du Bukkake au POV, les catégories du hard amat' sont bien représentées ! Il y aurait pu y avoir de l'amour dans les rimes de Vald mais il est souvent aux abonnés absents lors des relations hardcore sous cuite ou lors d'activités solitaires que décrit l'artiste. "Ma moitié m'insulte de tarba pourtant je ne lui ai rien fait, promis, juré, je ne lui parle pas" et "Ils font la guerre parce que baiser c'est quatre fois mieux en film" disait-il dans "J'ai rêvé d'un verre de sang". Dans "Cours de rattrapage", il enfonce le clou avec des phases genre: "Après d'immorales pilonnages, j'regarde les tasse-pé qui s'entassent dans ma breuch"...

Toutefois, toutes ces références ne viennent jamais noyer le thème central de la mixtape, à savoir le mal-être d'un jeune qui traîne sur les bancs de la fac sans réellement savoir ce qu'il fera plus tard. Sans même savoir s'il y aura un plus tard. "J'suis défini par quoi ? Par mon blaze, par c'que j'fais, par qui m'suit, par qui m'suce, par ma Parkinson ?" se demande-t-il au début de "John Doe". Vald se pose beaucoup de questions mais ne tire pas toujours de leçons des réponses que la vie lui propose puisque, de toutes façons, "un mec avisé en vaut bien 1000, on s'en branle... Si je savais ce que je faisais, je le ferais autrement, qu'on s'entende" . Dans ses chansons, Vald balance souvent tout en vrac, la plupart de ses solos n'ayant même pas de thèmes. Mais comme il le dit "60 000 idées par jour, c'est compliqué de me décider" !

 

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Alors que "NQNTMQMQMB" n'était quasiment rempli que de solos de ce style, "Cours de rattrapage" est doté d'une multitude de featuring sur lesquels il arrive à aborder quelques thèmes, notamment sur le génial "Pour si peu" en duo avec Rabakar. Sur ce morceau, les deux MCs traitent de sujets graves en les prenant clairement à la légère. Ironie et humour pour des punchlines d'une grande efficacité. Que ce soit Rabakar avec des phases comme "Après tout, chacun sa vie, moi même j'sais pas ce qu'il m'arrivera / De nos jours un homme sympathique peut devenir un kamikaze / J'ai rien contre eux, de toutes façons, personne marche du même pas / Tueur, pédophile ou les deux, qui dans son vécu ne merde pas ?" ou Vald avec "... Escorter les corps de nos sœurs torchées car elles s'amuseront, elles s’amuseront comme on s'est amusé, comme tu t'es amusé / Peut-être la tienne avec nous s'amusera, elle s'amusera même si c'est abusé / Vous savez quoi ? Vous pouvez tous mourir, je vais pas caner pour si peu / Un grec salade, tomate, oignons, mec, j'suis refait pour 6€".

Les autres featurings sont aussi, pour la plupart, excellents. On retrouve ainsi son acolyte AD sur plusieurs tracks aux ambiances différentes ainsi que Georgio et Bazoo sur l'entêtant "Cylindrique". "Les grands esprits se rencontrent, les petits encore plus... Tu veux tester, essaie d'abord d'écrire Schwarzenegger sans faute" lâche Bazoo à la fin d'un couplet d'anthologie. Et Vald de reprendre sur le suivant "Ils m'ont élevé comme un Dieu, chez moi, j'fais que des apparitions" en parlant de l'éducation qu'il a reçu dans sa "middle-class" pavillonnaire d'Aulnay.

 

 

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Bref, je ne vais pas vous citer toutes les punchlines de l'album sinon je vais en avoir pour la nuit mais sachez que le niveau est élevé. Maintenant qu'on a abordé le fond, voyons un peu la forme. Ce qui est appréciable lorsqu'on écoute Vald, c'est la fraicheur qui en ressort. Alors, oui, parfois il est décalé sur le beat, d'autres fois, il se marre pendant une phase mais cela ajoute au côté "sauvage" de sa musique et son interprétation est toujours excellente. D'ailleurs, on n'a pas l'impression qu'il interprète mais plutôt qu'il vit ce qu'il rappe. Un côté instinctif donc mais aussi une maîtrise technique puisque Vald sait aussi jouer avec l'instru et accélérer son flow de manière impressionnante.

Finalement, il ne reste plus qu'à espérer que son premier album "NQNT", prévu le 28 octobre, gardera cet esprit et qu'il ne sera pas aseptisé. Avec toutes les sorties "mainstream" ou "grand public" qui sortent à la pelle, les pavés (que sont les deux premières tapes) jetés dans la marre du rap game  pourraient être rejoint par un énorme parpaing !

 

Ma note pour "Cours de rattrapage" : 8/10

 

 

PS : Puisque Vald est un fan d'horreur et d'Eli Roth, j'en profite pour mettre une photo de moi avec le fameux réalisateur (quoi ? je fais ce que je veux, c'est mon blog !)

eli roth

 

 

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